- 7 juillet 2025
IA et recrutement: l’humain au cœur du projet de Interiman Group

Yves Schneuwly, Chief Digital & Marketing Officer de Interiman Group, voit dans l’intelligence artificielle un levier puissant pour réinventer le recrutement. A condition d’en faire un outil au service des humains, et non un substitut. Son approche hybride trace une voie à la fois pragmatique et ambitieuse.
Depuis le 1er avril 2025, Yves Schneuwly a pris les fonctions de Chief Digital & Marketing Officer au sein de Interiman Group. Membre de la direction, il apporte une vision précise, fruit d’une double expérience dans les RH et dans l’univers du digital. Pour lui, l’intelligence artificielle (IA) représente une formidable opportunité pour repenser les métiers du recrutement, à condition toutefois de l’intégrer avec rigueur, discernement et humanité.
L’IA comme levier d’efficacité, pas comme substitut
Interiman Group traite près d’un million de candidatures par an. Un tel volume impose une gestion optimisée. L’automatisation de certaines tâches, comme la création de dossiers digitaux ou la gestion documentaire, est devenue incontournable. «L’IA nous permet de dégager du temps pour ce qui compte vraiment: la relation humaine», résume Yves Schneuwly.
Son parcours dans le digital l’a amené à tester et observer de nombreuses plateformes de recrutement automatisé. Il en a tiré la conviction que ces outils sont excellents pour des besoins simples et urgents, comme le remplacement d’un collaborateur absent, opéré de manière automatique dès l’annonce d’un désistement. Mais dès qu’il s’agit de missions longues, de sélection stratégique ou d’intégration au sein de la culture d’une entreprise, les limites sont évidentes. L’humain reste irremplaçable, selon lui.
«L’IA peut accélérer certains processus, mais elle ne peut pas écouter les doutes d’un candidat, ni percevoir les dynamiques d’équipe, ni encore accompagner une entreprise dans la construction d’une stratégie RH cohérente. C’est là que notre valeur se révèle», insiste-t-il.
Les clés d’une intégration maîtrisée
Pour que l’IA soit un accélérateur de transformation, et non un facteur de risque ou de désorganisation, Yves Schneuwly plaide pour une approche avec trois niveaux d’impact. Il s’agit d’abord d’améliorer la productivité des collaborateurs, ensuite d’optimiser et automatiser les processus clés de la création de valeur, et, enfin, de créer de nouveaux services et de la valeur ajoutée pour les clients, les candidats et l’ensemble du marché.
Le premier niveau constitue le socle de la stratégie. Trois leviers sont essentiels, selon Yves Schneuwly, à cette étape:
- Choisir le bon outil IA généraliste: il doit s’agir de solutions polyvalentes, accessibles et capables de répondre à beaucoup des besoins rencontrés au quotidien.
- Mettre en place une gouvernance claire et sécurisée: le but est d’éviter les possibles dérives liées aux versions gratuites, et ce dans l’idée de garantir la protection des données et définir des règles d’usage transparentes.
- Former et accompagner tous les collaborateurs: il ne s’agit pas d’en faire des experts techniques, mais de leur fournir des outils leur permettant de se libérer des tâches répétitives et de se concentrer sur la relation client, le conseil de carrière ou de l’accompagnement stratégique.
Une vision lucide de la transformation numérique
La rapidité avec laquelle les outils IA se diffusent dans les entreprises impose une certaine vigilance. Une étude récente de l’Université de Zurich montre que 54% des internautes suisses utilisent déjà des outils d’IA de façon régulière. «La vraie question n’est plus si, mais comment. L’IA n’est pas une tendance passagère, c’est une infrastructure qui sera au cœur de nos pratique de demain. Encore faut-il la construire sur des bases saines», explique Yves Schneuwly.
La gouvernance devient alors un enjeu central. Une IA mal pilotée peut introduire des biais, compromettre la sécurité des données ou générer des décisions arbitraires. Loin des approches purement techniques, Yves Schneuwly plaide pour une éthique du numérique, où chaque déploiement technologique est accompagné d’un cadre clair, fondé sur la confiance et la responsabilité.
Libérer l’humain pour mieux le valoriser
En clair, la technologie n’a de sens que si elle renforce l’humain. Chez Interiman Group, cela se traduit par une réallocation du temps des consultants vers ce qui fait la vraie différence: la qualité de l’échange, la compréhension du projet professionnel, l’accompagnement personnalisé.
«La vraie force du recruteur, c’est sa capacité à écouter entre les lignes, à percevoir les potentiels non exprimés, à créer un lien de confiance», poursuit Yves Schneuwly. Autant d’éléments que l’IA, malgré ses avancées, ne peut ni reproduire, ni comprendre. Dans une économie de plus en plus prédictive, où tout semble quantifiable et automatisable, la subjectivité humaine devient un avantage. Savoir interpréter, décider dans l’incertitude, arbitrer avec empathie: voilà les compétences qui feront à l’avenir la différence.
Une méthode hybride au service des individualités
La vision d’Yves Schneuwly n’est ni technophile ni technophobe: elle est hybride. Il ne s’agit pas d’opposer l’humain et la machine, mais de les articuler intelligemment, à la manière d’une équation à double inconnue qu’il faudrait résoudre en usant d’une méthode nouvelle. L’IA est un outil puissant, mais elle doit être au service d’une stratégie plus large, centrée sur les personnes.
Les consultants et les entreprises de recrutement qui sauront tirer parti de cette complémentarité évolueront d’un rôle d’exécutant à celui de partenaire stratégique, à l’instar de Interiman Group. En s’appuyant sur l’IA pour gagner en efficacité, ils pourront réinvestir ce gain dans la qualité du service humain, là où se crée la vraie valeur.
